La cession d’une société est un moment clé dans la vie d’un dirigeant. Qu’il veuille vendre son bien professionnel ou le transmettre à ses enfants (notamment à l’heure de sa retraite), des stratégies différentes doivent être adoptées afin de bénéficier d’une imposition maîtrisée notamment sur les plus-values, en accord avec les objectifs du chef d’entreprise.
Plongés quotidiennement dans la vie très prenante d’une entreprise à développer, peu de dirigeants anticipent leur sortie et la cession de leur société. Pourtant, cette dernière fait partie intégrante de la réussite professionnelle globale du fondateur. Le moment pour céder son bien, mais aussi le mode de cession doivent ainsi être arrêtés après mûre réflexion, pour optimiser économiquement et fiscalement la cession de la société familiale.
Vendre à une autre société
- Une fois le bon moment choisi (alors que la valeur de la société a augmenté de préférence), se faire conseiller sur la valorisation économique de la société est primordial. Celle-ci peut passer par une optimisation comptable qui doit se prévoir au moins deux ans à l’avance. Des changements évidemment légaux sont peut-être, en effet, à envisager pour séduire au mieux les éventuels futurs repreneurs.
- Fiscalement, l’étude minutieuse des options les plus performantes pour le cédant est à réaliser, notamment sur les thématiques de l’imposition immédiate des bénéfices ou encore des plus-values, en fonction de la fiscalité de l’entreprise (IR ou IS). En effet, la vente des parts de la société détenues par le dirigeant génère une imposition sur les plus-values mobilières. Il convient alors d’arbitrer entre l’application de la Flat Tax ou du barème d’imposition, qui, lorsque les montants sont conséquents peut faire changer de tranche et atteindre 45% d’imposition. Si le barème est choisi, et uniquement dans ce cas, il est possible de bénéficier d’abattements pour « durée de détention » en fonction de la situation précise.
- La situation du repreneur peut aussi être étudiée, notamment par rapport à la thématique de la solidarité du paiement de l’impôt.
Il est également possible d’optimiser la fiscalité, dans le cas de l’option du barème progressif, avec des investissements type PER, FIP, FCPI, Girardin ou encore SCPI Malraux.
L’apport-cession pour reporter l’imposition des plus-values
Bon à savoir : le chef d’entreprise vendeur n’est pas obligé d’utiliser le dispositif d’apport-cession pour 100% des titres de sa société. Il peut décider de n’en faire bénéficier qu’une petite partie, par exemple pour un montant qu’il souhaitait réinvestir dans l’économie et qui bénéficiera donc de ce report d’imposition. Mais attention l’éligibilité à ce dispositif comprend des contraintes : la holding doit garder les parts pendant au moins 3 ans avant l’opération de cession, ou alors réinvestir au moins 60 % du produit de cession dans des activités économiques opérationnelles, et ce, dans un délai de 2 ans suivant la vente. Ces investissements peuvent s’effectuer en direct dans des PME ou via des fonds.
Le cas particulier de la retraite du dirigeant
Lorsqu’un chef d’entreprise vend sa société pour partir à la retraite, il peut choisir entre deux abattements pour diminuer sa plus-value imposable : un abattement fixe de 500 000 € ou un abattement « pour durée de détention »[2].
Le montant de ces abattements prend en compte la durée de détention des titres. Lorsqu’ils émanent d’une entreprise de moins de 10 ans au moment de l’acquisition (c’est souvent le cas lorsque l’entreprise a été créée par le cédant), ils bénéficient d’un abattement « renforcé ». Son montant est de 50% du montant du gain net réalisé lorsque les titres sont détenus depuis au moins un an et moins de 4 ans, 65% lorsqu’ils sont détenus depuis au moins 4 ans et moins de 8 ans, et de 85% lorsqu’ils sont détenus depuis au moins 8 ans.
Transmettre à ses enfants
Il faut savoir qu’un pacte de précaution peut être mis en place en amont de son déclenchement. Ainsi, le délai de 2 ans sera déjà comptabilisé dans la contrainte de conservation des parts et les enfants pourront, s’ils le souhaitent, vendre l’entreprise au bout de 4 ans seulement après la donation. Ce pacte Dutreil de précaution peut aussi, le cas échéant – si le dirigeant change d’avis – ne pas être utilisé lors de la donation s’il souhaite, finalement, vendre son entreprise plutôt que la donner à ses enfants.
Ne donner qu’une partie de l’entreprise…